vendredi 23 décembre 2016

Que signifie « être bien dans sa peau » ?




L’homme nietzschéen n’est rien d’autre que son corps. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, il disait, pince-sans rire, « je suis corps tout entier et rien d’autre ». D’ailleurs, notre monde post-moderne ne doit pas à ce philosophe au marteau, presque toute sa pensée ? Si l’homme est corps, son esprit n’est-il pas responsable de certains de ses soucis physiques ? 



« Être corps tout entier »

La mode actuelle… le monde actuel, met dans le seul critère de l’apparence physique, la définition même de ce qu’une femme ou un homme doit être : un certain type de vêtement, un corps sans graisse, une silhouette filiforme ou musclée, une poitrine volumineuse, des lèvres voluptueuses, etc. Il ne se passe un jour, sans que la télévision, les médias sociaux et leurs stars n’indiquent aux autres, comment ils doivent être, se comporter, manger, s’asseoir… 

Tout est dans l’apparence. Être bien dans sa peau, c’est d’abord avoir réussi ce test que nous lance la société malgré nous. Être bien dans sa peau signifie avoir réussi le pari de faire croire aux autres, par notre corps, que l’on est bien. Être bien dans sa peau, c’est être comme celle femme qui cache sa souffrance derrière un make-up réussi. 
C’est être comme cet homme qui avec un torse et des yeux d’un dieu grec, réussi à se faire passer auprès d’une femme en quête d’amour, qu’il est « l’homme idéal ». Être bien dans sa peau, c’est être comme ce garçon athlétique que toutes les filles du lycée ou du collège convoitent, et qui en classe ou dans la cour de l’école, martyrise le petit gros à lunettes à tel point qu’il n’a plus aucune envie de mettre se pieds dans cette école ni dans une autre.


Le corps rend aveugle

 Il faut donc comprendre que ce qui à une époque n’était que prééminence – puisque le physique est ce que l’on voit d’abord de toutes façons – c’est muter en absoluité. Or, pour Platon, tant que notre âme reste prisonnier du corps, l’objet de nos désirs est inatteignable, inaccessible. Cette sublimation du corps, nous remplit de « mille imaginations et de toutes sortes de sottises » ; elle nous éloigne autant de la vérité, qu’elle est aussi source de nombreuses misères et guerres. Car « les guerres ne viennent que du désir d’amasser des richesses, et nous sommes forcés d’en amasser à cause du corps, pour servir, comme des esclaves, à ses besoins » (Platon, Phédon). Il ne faut non plus accorder la primauté à l’âme, à ce que l’on vit intérieurement, au détriment du corps comme l’estime Platon.

 

Corps sain et esprit sain

Être bien dans sa peau, c’est surtout chercher à savoir, quand c’est le cas, les raisons pour lesquelles on n’est « mal dans sa peau ». C’est laisser sa pensée agir, plutôt que de se laisser aller à la nourriture, à l’alcool, au tabac, pour cacher sa peine. 

Être bien dans sa peau, c’est être le premier et parfois le seul à s’accepter comme on est. Si on y réussit, on l’impose aux autres. C’est rechercher en nous et non hors, nos potentiels. C’est se fixer un but. Être bien c’est se sentir d’abord autonome, avoir le pouvoir de décision par nous-mêmes. C’est pas se laisser diriger par les autres.

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