L’homme nietzschéen n’est rien d’autre
que son corps. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, il disait, pince-sans
rire, « je suis corps tout entier et rien d’autre ». D’ailleurs,
notre monde post-moderne ne doit pas à ce philosophe au marteau, presque toute
sa pensée ? Si l’homme est corps, son esprit n’est-il pas responsable de
certains de ses soucis physiques ?
« Être corps tout entier »
La mode actuelle… le monde actuel,
met dans le seul critère de l’apparence physique, la définition même de ce
qu’une femme ou un homme doit être : un certain type de vêtement, un corps
sans graisse, une silhouette filiforme ou musclée, une poitrine volumineuse,
des lèvres voluptueuses, etc. Il ne se passe un jour, sans que la télévision,
les médias sociaux et leurs stars n’indiquent aux autres, comment ils doivent
être, se comporter, manger, s’asseoir…
Tout est dans l’apparence. Être bien
dans sa peau, c’est d’abord avoir réussi ce test que nous lance la société
malgré nous. Être bien dans sa peau signifie avoir réussi le pari de faire
croire aux autres, par notre corps, que l’on est bien. Être bien dans sa peau,
c’est être comme celle femme qui cache sa souffrance derrière un make-up réussi.
C’est être comme cet homme qui avec un torse et des yeux d’un dieu grec, réussi
à se faire passer auprès d’une femme en quête d’amour, qu’il est « l’homme
idéal ». Être bien dans sa peau, c’est être comme ce garçon athlétique que
toutes les filles du lycée ou du collège convoitent, et qui en classe ou dans
la cour de l’école, martyrise le petit gros à lunettes à tel point qu’il n’a
plus aucune envie de mettre se pieds dans cette école ni dans une autre.
Le corps rend aveugle
Il faut donc comprendre que ce qui à une
époque n’était que prééminence – puisque le physique est ce que l’on voit
d’abord de toutes façons – c’est muter en absoluité. Or, pour Platon, tant que
notre âme reste prisonnier du corps, l’objet de nos désirs est inatteignable,
inaccessible. Cette sublimation du corps, nous remplit de « mille
imaginations et de toutes sortes de sottises » ; elle nous éloigne
autant de la vérité, qu’elle est aussi source de nombreuses misères et guerres.
Car « les guerres ne viennent que du désir
d’amasser des richesses, et nous sommes forcés d’en amasser à cause du corps,
pour servir, comme des esclaves, à ses besoins » (Platon, Phédon).
Il ne faut non plus accorder la primauté à l’âme, à ce que l’on vit
intérieurement, au détriment du corps comme l’estime Platon.
Corps sain et esprit sain
Être bien dans sa peau, c’est
surtout chercher à savoir, quand c’est le cas, les raisons pour lesquelles on
n’est « mal dans sa peau ». C’est laisser sa pensée agir, plutôt que
de se laisser aller à la nourriture, à l’alcool, au
tabac, pour cacher sa peine.
Être bien dans sa peau, c’est
être le premier et parfois le seul à s’accepter comme on est. Si on y réussit,
on l’impose aux autres. C’est rechercher en nous et non hors, nos potentiels.
C’est se fixer un but. Être bien c’est se sentir d’abord autonome, avoir le
pouvoir de décision par nous-mêmes. C’est pas se laisser diriger par les
autres.
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